Marcher, courir, pédaler. Quelle que soit la méthode, qu’importe la vitesse, il s’agit simplement d’explorer notre environnement à la sueur de notre front. Le plus souvent, nous suivons des chemins. Parfois, ils sont même balisés. Et en la matière, nous sommes gâtés sur le territoire français. Et si l’on (re)découvrait notre pays grâce aux plus mythiques d’entre eux, les GR® ?
Les GR® : des chemins chargés d’histoire
Aux origines de la légende
Où que vous soyez, un GR® passe à vos pieds. C’est une spécificité française, peut-être même une part de la fameuse exception culturelle. Les activités de plein air ont la côte et jamais ces sentiers n’avaient pris autant de place dans notre paysage. Chaque année de nouveaux voient le jour, venant compléter une liste déjà très fournie.
Mais à l’échelle de l’histoire, les GR® sont finalement très récents. C’est dans l’après-guerre, en août 1947, avec la création d’un tronçon de 28 km au départ d’Orléans, que le premier d’entre eux, le GR® 3, lançait l’aventure. L’année suivante, le GR® 1, bien connu des amoureux de nature en région parisienne, lui emboitait le pas.
On doit cette initiative à un homme passionné de marche au nom bien choisi pour un amoureux de grand air et de liberté : Jean Loiseau. C’est lui qui eut l’idée de créer le Comité National des Sentiers de Grande Randonnée, devenu depuis la Fédération Française de Randonnée Pédestre, qui gère ces sentiers. Aujourd’hui, on dénombre 94 800 km de chemins de grande randonnée (ou GR®, donc) qui quadrillent la Métropole et les territoires d’outre-mer. Un immense patrimoine dont nous pouvons être fiers et qu’il faut préserver. Et pour ce faire, le meilleur moyen reste d’en profiter autant que notre corps nous le permet.
GR®, pour les passionnés, par des passionnés
S’il revient à la FFRandonnée la gestion globale des GR®, et notamment leur homologation, l’ADN provient du cœur même des territoires. C’est sur une approche "bottom-up" qu’ils sont organisés : leur émergence provient de passionnés locaux qui prennent l’initiative de constituer un dossier qu’ils soumettent ensuite à la FFRandonnée. Au quotidien, "entre 8 000 et 10 000 bénévoles, sur le terrain, s’occupent du balisage, de leur aménagement et leur entretien" nous confie Marcel Martinez, président de la Comission sentiers et itinéraires de la région Occitanie. C’est grâce à ces passionnés de l’ombre, dont certains se cachent peut-être parmi vous, que nous devons ce patrimoine inestimable. "Sans leur implication, le système ne pourrait pas fonctionner. Contrairement à une société prestataire, ils sont d’abord des pratiquants avant d’être baliseurs ou aménageurs. Ils connaissent les problématiques, les besoins, les risques, leur connaissance du terrain est essentielle".
S’ils sont accessibles à tous, il faut garder à l’esprit que les GR® traversent de nombreux terrains privés. "Dès que l’on met un pied hors de chez soi, on est chez quelqu’un d’autre". Cette phrase, Marcel Martinez aime la marteler lors des stages de formation qu’il délivre chaque année aux nouveaux baliseurs-aménageurs. "Notre rôle, c’est aussi d’informer et de faire en sorte que l’on respecte le territoire que l’on parcourt." Les GR® sont synonymes de partage, entre pratiquants bien-sûr, mais aussi avec les personnes qui peuplent le territoire. La FFRandonnée a d’ailleurs édité un document disponible gratuitement en ligne, le Guide du Droit des Chemins, qui détaille toutes ces problématiques. "Le respect est une valeur fondamentale de l’esprit GR®. Il ne s’agit pas d’être un pur consommateur, sans se soucier d’où l’on met les pieds".
L’aventure au bout du chemin
Deux liserés rouge et blanc, un nom évocateur de tant d’aventures et d’histoires incroyables. Les GR® ne sont pas de simples chemins, ils sont un mythe, des mythes devrions nous dire tant leur diversité est importante. C’est ce qui en fait la richesse : de la micro escapade aux traversées sur des milliers de kilomètres, des sentiers côtiers, à la nature urbaine, en passant par les plus hauts massifs, ils sont des terrains de jeu quasi inépuisables.
Surtout, ils s’adaptent à toutes les envies et tous les profils. Il n’y a qu’à observer l’un des plus mythiques d’entre eux, le GR® Tour du Mont Blanc, pour s’en rendre compte. Aventure d’une vie pour certains qui y marcheront des jours durant pour le parcourir de bout en bout, il se réalise en moins d’une journée pour les plus rapides (l’UTMB suit en grande partie ce GR®). En marchant, en courant, mais aussi à vélo – saviez-vous que 7% des gens qui réalisent le Tour du Mont Blanc le font en vélo ? – il rend compte de la diversité des sportifs et des aventures que l’on peut vivre sur un tel sentier. Il est aussi le symbole de la beauté des paysages que les GR® nous amènent à découvrir : l’arrivée au Lac Combal, la vue sur le Mont Blanc, le panorama au Grand Col Ferret, la contemplation est une part essentielle de l’expérience GR®. Enfin, il est aussi synonyme d’échange entre amoureux de grands espaces qui partagent le temps d’un instant, ou de plusieurs jours, un bout de chemin et se retrouvent le soir venu autour d’un repas chaud dans un des nombreux refuges le long du parcours.
Les GR® se parcourent parfois en solo, mais vous n’êtes jamais vraiment seul, au fond. Vous faites partie de cette grande famille des passionnés de nature et de sport, et au-delà du symbole, cela peut avoir de vrais bénéfices. Voyez un peu : en ce début de printemps, sur le fameux GR54® qui parcourt le tour du massif des Écrins, j’étais en train de courir sur les sentiers entre La Chapelle en Valgaudemar et Vallouise, sur une belle étape de 54 km et 3 100 m de dénivelé. Le temps d’un café au refuge de Vallopierre - sublime en passant - un groupe de randonneurs arrivant dans le sens inverse m’indiquent qu’un passage est trop dangereux - du fait de la neige - et que je ferais mieux de le contourner. Le partage, l’échange, savoir compter sur son collègue qui ne va peut être pas aussi vite, qui ne va peut être pas aussi loin, mais qui vous apportera tout autant que ce que vous pouvez vous aussi lui apporter.
Cette grande famille n’a cessé de s’agrandir au fil des années, rassemblant toujours plus de personnes d’horizons toujours plus divers. S’ils étaient d’abord des chemins de randonnée, les GR® sont peu à peu devenus, aussi, des terrains de jeu incroyables pour les traileurs et même les cyclistes. Récemment, juste après le déconfinement, Yann Gobert s’est lancé dans une petite aventure qui résume parfaitement la polyvalence de ces routes mythiques. Avec son Gravel, cinq jours durant, il a fait le Tour de l’île de France en suivant en bonne partie le GR® 11, l’un des plus anciens GR® de l’histoire. “Juste après le déconfinement, on ne pouvait pas se déplacer à plus de 100 km de son domicile. Habitant Paris, je me suis dit que cela pouvait être sympa de faire le Tour de l’île de France en vélo. J’avais repéré depuis pas mal de temps ce GR® et c’était enfin le moment de le faire.” Bien que natif de la région, il a découvert des coins insoupçonnées. “Dans l’ensemble il n’y a quasiment que des chemins, c’est sauvage, très loin de ce qu’on peut imaginer. J’ai particulièrement apprécié le début du parcours, il y a des petits châteaux dans tous les villages qu’on traverse, ça vaut vraiment le coup d’oeil.”
Vélo, marche, course à pied, où que vous soyez, un GR® passe à vos pieds. Sortez, allez profiter de ce patrimoine extraordinaire qui est là, et qui n’attend que vous. Loin de vos terres d’origines, ou dans votre jardin - mauvaise traduction du “backyard” américain - les GR® seront un magnifique moyen d’exploration.
Engagez-vous : redécouvrir notre territoire grâce aux GR® est une chance qui n’a pas de prix. Mais leur entretien a un coût : balisage, réaménagement des sentiers, travaux divers... leur pérennité passe aussi par notre générosité. Vous pouvez faire un don pour soutenir l'entretien de vos chemins favoris.
Retrouvez notre sélection d’itinéraires sur 15 itinéraires GR® mythiques, à pied ou à vélo.
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