En cette période où les dossards et les sas de départ se font toujours rares, Strava et Distance lancent les Segments Series, une invitation pour les runners aux quatre coins de l’hexagone à décrocher leur meilleur chrono sur 12 segments répartis en France jusqu’au 7 février. En guise de première foulée, ne manquez pas notre série d’interviews mettant en lumière quelques-uns des athlètes les plus prometteurs de la nouvelle génération française. Nous avons partagé une journée avec eux pour nous faire une idée des efforts et sacrifices qu’ils fournissent au quotidien, pour comprendre leur état d’esprit après une année sans précédent, pour connaître leurs motivations et les rêves qu’ils nourrissent. C’était évidemment l’occasion de nous entraîner sur leur terrain de jeu favori avec un segment qui leur ressemble, selon leurs forces, leur spécialité ou leurs traits de caractère. Vous aurez donc la possibilité de vous mesurer à l’avenir de l’athlétisme français.

Embarquez pour un segment de vie de Naïs Racasan, raconté par l’équipe Distance et photographié par Anne Sophie Soudoplatoff.

NAÏS RACASAN
19 ans
Segment favori : Ile d’Amour-La Taillat, Meylan, France
5ème des championnats d’Europe U-20 800m
Meylan, France

Salut Naïs, comment vas-tu et où en es-tu dans cette saison si particulière ?
Ça va très bien ! Cette saison est très longue, on n’en voit pas la fin et c’est ça qui est un peu difficile parce que les objectifs sont quand même flous et il n’y a pas d’échéances internationales. Ca motive un peu moins mais on essaye de s’accrocher aux objectifs qu’on a et de se dire que si on progresse, c’est l’essentiel.

Comment est-ce que l’athlétisme est entré dans ta vie ?
Ma grand-mère est d’origine roumaine, elle faisait de l’athlétisme à haut-niveau en équipe de Roumanie, mon papa a suivi ses traces et lui aussi a été en équipe de Roumanie, il faisait du 800m, du 1500m et du cross à un très bon niveau national et international. Il est venu en France et a gardé un très bon niveau universitaire, il a voulu nous transmettre cet héritage et on a tous plus ou moins fait de l’athlé avec mes frères et sœurs. C’est ma sœur et moi qui avons le plus accroché, depuis que j’ai 8 ans je fais de la course à pied, ce n’est plus une histoire de famille, c’est beaucoup plus que ça, c’est vraiment ce que j’aime faire.

Quelles sont tes qualités et tes faiblesses ? Comment as-tu choisi ta spécialité ?
Au début je faisais de tout, j’ai fait du cross, du 1000m jusqu’en minime. Le club où j’étais à Evian ne faisait que du demi-fond donc je ne faisais ni sprint, ni saut, que de la course à pied donc c’était assez normal de faire du demi-fond. Quand je suis passé en cadette j’ai dû choisir une spécialité parce que le 1000m n’existe plus à partir de cadette. J’étais assez rapide et j’avais assez de qualité en aérobie du coup on a essayé le 800m et dès le début j’ai accroché, on a essayé aussi un peu le 1500 mais pour l’instant j’aime moins, on réfléchit un peu trop sur cette distance, moi j’aime bien quand on réfléchit pas et qu’on court juste vite. Le 800 c’est vraiment parfait pour ça.

À quel moment as-tu réalisé que tu avais un potentiel, que tu sortais du lot ?
Lors de ma première année cadette, j’ai fait une sélection en équipe de France. Je ne me rendais pas compte de ce que représentait les chronos mais j’ai réussi à faire un très bon temps qui m’a permis d’être sélectionné pour le festival olympique de la jeunesse européenne et c’est là que je me suis dit « c’est trop bien le haut niveau ! ». J’avais 15 ou 16 ans et je me suis dit que tous les ans j’avais envie de progresser et de refaire des sélections.

Qui sont les gens les plus importants qui t’accompagnent aujourd’hui dans ta progression ?
Ça a toujours été mes parents, mon papa surtout qui m’a appris à courir depuis que je suis petite et qui m’accompagne sur toutes mes compétitions. C’est vraiment un soutien moral énorme. Jusqu’à cette année je vivais avec eux, ils m’aident beaucoup. Maintenant que j’ai changé d’environnement il y a mon coach qui est très important aussi. La relation que j’ai avec mon coach surpasse toutes les autres parce que c’est la personne que je vois le plus dans le cadre du sport. Bien sûr aussi tous mes amis avec qui je partage ce goût de l’athlé et de l’effort, ça nous permet d’avancer tous ensemble.

Quelles sont les valeurs nécessaires pour être une athlète épanouie ? Qu’as-tu appris grâce à ton sport et comment t’a t-il fait grandir ?
Déjà, l’humilité, parce que dans le sport c’est vraiment les montagnes russes, même les meilleurs athlètes peuvent tomber très bas donc si on n’apprend pas à être humble, ca se complique. C’est aussi le respect de tout le monde, de ses adversaires, de son groupe d’entraînement, de son coach. C’est la confiance aussi, la confiance en soi et en son coach. Le sport permet aussi de s’ouvrir aux autres et de progresser en tant qu’athlète mais aussi en temps que personne, on apprend plein de valeurs comme celles que j’ai citées. Ça permet vraiment de relativiser sur plein de sujets aussi. Quand on ne réussit pas une compet’, ça nous permet d’être plus cool dans notre vie de tous les jours, de se dire que ce n’est pas grave qu’il y a bien pire que ça. En 3 ans j’ai déjà appris beaucoup grâce au sport, on évolue chaque jour, chaque compétition on apprend de nouvelles choses, on apprend à se faire confiance et se dire que si un jour on a réussi à courir vite on y arrivera de nouveau et même encore plus vite et ça permet d’être un peu plus décontracté dans la vie de tous les jours, moins stressé.

En quoi ton environnement est-il idéal pour t’entrainer ?
À Grenoble où je suis depuis février, les infrastructures sont cools, on a une grande piste avec un parc derrière, on a les berges pour courir et ça c’est top comme environnement naturel. J’arrive à m’entourer des bonnes personnes, des personnes en qui j’ai confiance et qui m’accompagnent au quotidien. Dès que quelque chose ne va pas bien, je sais à qui m’adresser et je sais que la personne va m’aider. Que ce soit mes parents, mon copain, mes amis, mon coach, et maintenant j’ai un préparateur mental. L’environnement proche, c’est vraiment super important.

Jusqu’où voudrais-tu aller ? Quelles sont les compétitions qui te font rêver ? Le titre que tu voudrais avoir à ton palmarès ?
Tous les sportifs diront la même chose : la médaille d’or olympique. Chaque jour à l’entraînement on y va pour ça, on y va pas pour promener ses baskets et dire qu’on a couru. C’est l’objectif ultime et c’est ce qui nous permet d’avancer. À plus petite échelle, j’ai envie de marquer comme je peux l’histoire du sport français. Marquer les esprits à travers la personne que je suis, les valeurs que je veux véhiculer, c’est aussi super important. J’essaye de ne pas être une débile, utiliser mon image de sportive pour laisser une belle trace, pas juste dire que je cours, ce serait dommage. Beaucoup de gens m’aiment bien parce que je cours, ils pourraient aussi m’aimer parce que je véhicule de belles valeurs.

D’où le choix du segment que tu mets en avant, qu’a-t-il de particulier et en quoi te représente-t-il bien ?
C’est là que j’ai couru la première fois quand je suis arrivé à Grenoble, quand j’ai rencontré mon copain et tout mon groupe d’amis avec qui je m’entraine maintenant. Je trouve qu’il est superbe parce qu’il est en pleine nature, on ne dirait vraiment pas qu’on est dans une grande ville. On peut tout faire là-bas, des footings, des footings longs, des seuils, c’est vraiment cool, j’aime trop !

Strava a récemment lancé la récompense Local Legend, où est-ce que les gens ont pu t’apercevoir courir le plus souvent ?
Je ne suis pas Local Legend sur Strava mais chez moi j’ai tellement couru que même avant que Local Legend existe j’étais déjà la légende locale car je courais vraiment beaucoup autour de chez moi. Après je ne cours pas forcément plus que des gens qui font leur footing tous les jours le matin au même endroit. Je croise des gens que je connais, de mon ancien club ou autre, je ne sais pas si je suis vu comme la fille qui court, je n’ai pas forcément cette impression.

Avec ton niveau tu as surement dû ramasser quelques CR sur des segments pendant tes entraînements. Est-ce que c’est quelque chose auquel tu prêtes attention ? Es-tu déjà parti à la chasse aux CR ?
Oui, surtout avant, maintenant un peu moins, j’essaye de moins partager mes entrainements publiquement mais j’aime bien me challenger. Pendant le confinement, avec mon copain on a créé des segments autour de chez moi vers Evian, on a essayé d’être un peu imaginatifs et de se lancer des petits challenges entre nous. C’est chouette de pouvoir se mesurer aux autres sans même les voir. J’y fait attention, j’ai déjà regardé si j’étais première, deuxième ou troisième. Après je vais pas absolument tout faire pour le battre si ce n’est pas prévu mais pendant le confinement on avait envie de le faire, juste pour le fun.

Quel conseil donnerais-tu pour battre le record sur ton segment ?
J’étais sur un seuil quand j’ai fait mon meilleur temps donc il faut faire un seuil d’au moins 3 kilomètres et la manière de le prendre c’est d’aller plus vite que moi sur du seuil, il faut faire 3 kilomètre en moins de 11’30 ou 11’20. Je ne sais plus trop combien j’ai fait mais je vous encourage à le battre, ça me donnera un nouveau challenge, j’essaierai de le battre par la suite, cet hiver j’aurais le temps !

As-tu des suggestions de clubs ou d’athlètes à suivre sur Strava ?
Je suis une américaine du Bowerman Track Club, Karissa Schweizer.. Elle est en privé et elle m’a acceptée, elle fait beaucoup de bornes. Et puis suivez moi et mon club de l’EAG !

Suivez Naïs sur Strava.
Découvrez les Segments Series.