Echappée Gravel dans le Massif des Maures

« Délaisse les grandes routes, prends les sentiers » Pythagore

Quitter le bruit de la ville et des voitures pour filer sur des sentiers paisibles au soleil, pour écouter le bruit des cigales et sentir l’odeur des pins, un parfum d’été au coeur de l’automne. C’est l’alléchante proposition que nous avons faite à dix athlètes français et espagnols avides d’aventure. Direction le sud de la France pour trois jours de gravel.

La “French Riviera” est plus connue pour son eau turquoise ou son festival de Cannes que pour ses single tracks. Et pourtant en 1984, Stéphane Hauvette, pionnier du VTT, crée le premier Roc d’Azur, une course offroad entre le Massif des Maures et Saint Tropez, où sept participants prennent le départ. 35 ans plus tard, l’événement s’est imposé comme le plus grand événement VTT au monde avec 20.000 participants sur quatre jours de compétition. Lors de l'édition 2019, c'est Jordan Sarrou qui s'est imposé sur l'épreuve reine du dimanche avec une vitesse moyenne au dessus des 25km/h. Toujours dans cet esprit pionnier, l’organisateur a intégré en 2016 un format Gravel. Le vélo Gravel est l’outil parfait pour explorer. Le vélo total, à l’aise tout aussi bien sur route que sur des chemins accidentés, il est le compagnon idéal des cyclistes aspirant à sortir des sentiers battus.

Après les formalités de présentation sur notre camp de base situé à quelques kilomètres km de Fréjus, l’heure est aux tracés des parcours des deux sorties qui viendront jalonner le en plus du “Mavic Gravel Roc” qui aura lui lieu le samedi. Carte IGN et le Concepteur d’Itinéraires Strava en mains, le massif des Maures dans notre dos, chacun y va de son avis sur les chemins à emprunter, les caps à explorer, les zones où s’aventurer. Une fois les tracés déterminés, nous sommes sûrs d’une seule chose: avec un peloton de dix nous aurons notre lot d’imprévus.

Jour 1 - “L’imprévu planifié”

Une magnifique journée s’annonce sur la Côte d’Azur. Après une matinée à déambuler dans les allées du salon du Roc, l’envie de s’éloigner du brouhaha et de s’essayer sur les sentiers en guise de warm-up monte.

Après quelques réglages sur nos montures, nous nous lançons sur le Massif des Maures pour une sortie test. Il est déjà 16 heures. Après quelques hectomètres, la nature reprend ses droits, l’ascension du Chemin des Petites Maures est somptueuse ; raide et technique. Carla, qui cumule déjà 11000km de vélo cette année, découvre le gravel, et trouver les bonnes trajectoires est un premier gros challenge. Tout le monde met le pied à terre dans cette première montée mais la vue est magnifique.

Dans l’une des premières descentes, Romain crève au niveau de la jante. Après une tentative de réparation infructueuse, il se voit obligé de quitter le groupe pour se rendre chez le vélociste du coin et s’assurer qu’il pourra prendre le départ du Roc le lendemain. Nous devons le laisser. Premier imprévu. Le petit peloton gravel tourne à flanc de montagne au soleil couchant laissant derrière lui une traînée de poussière. Le groupe est unanime: c’est extrêmement beau. De nouvelles crevaisons, de nouveaux imprévus, on nous avait prévenu cette année les chemins sont secs et les épines omniprésentes. La nuit est imminente et nous décidons d’écourter notre sortie pour avoir le temps de repasser tous nos pneus en tubeless, demain il y a 65km de pistes au menu. La soirée sera dédiée aux récits des dernières aventures de chacun, d’un Paris-Rome à une itinérance au Kirghizistan en passant par une traversée des Alpes, le monde est vaste et ensemble nous en avons vu une partie.

Jour 2 - “Vous êtes derniers”

Réveil 5h30 presque sans mal, c’est jour de course. Une tournée générale de porridge se met en place et un dernier check des pneus s’impose. Le groupe s’étant soudé des mésaventures de la veille, nous prenons le départ en décidant de rester ensemble toute la journée. Plutôt osé sur un format Gravel.

La température est idéale, les kilomètres défilent et le rythme est haché mais cela ne gêne personne. Nous prenons notre temps tout simplement, profitons des paysages et montons en cadence parfois lorsque le terrain le permet notamment dans la Valdingarde, , une ascension régulière de presque 8km. Nous nous attendons en haut des bosses, Romain crève en série et regrette définitivement d’être venu avec des pneus de 32mm. Dada, lui, perd du liquide tubeless, nous nous y mettons à plusieurs pour le remettre en selle. Nous ne sommes pas les seuls, d’autres concurrents sont dans la même galère. Les bénévoles des ravitaillements s'interrogent: “Vous faites vraiment la course?”, et les motards fermant la marche nous annonce l’air amusé: “ Vous êtes derniers”. Nous en sommes presque fiers de cette contre performance Nous avançons progressivement, les premiers sont déjà arrivés, la méditerranée fait des incursions au loin dans notre champs de vision, parfois un village aussi, mais toujours en pleine nature.

Les kilomètres ne défilent plus vraiment, les concurrents se font rares ce qui convient bien puisque nous profitons seuls du parcours dans un calme total. Carla avance à son rythme vaillamment, les descentes la terrorisent, mais elle garde le cap. Après trois heures de gravel, nous traversons une section très technique, un calvaire pour certains, de la glisse pour d’autres. Foucauld en perd une chambre de sa poche arrière qui vient se déchirer dans ses rayons, cet incident nous maintient en alerte, juste un imprévu de plus.

Nous arrivons alors dans l’avant dernière descente et nous apercevons au loin un rampe jaune, c’est le fameux Col du Bougnon, la dernière difficulté à 17% de moyenne avant de plonger sur la mer. Nous terminerons la course ensemble et serons célébrés par un groupe de bénévoles qui joue des classiques rock sur un petit parking. Nous nous empiffrons de madeleines et accueillons Carla quelques minutes plus tard, très fière d’avoir terminé sa première épreuve Gravel.

Retour à notre camp de base pour un barbecue où quelques amis présents sur l’événement nous rejoignent. Nous avons adoré l’expérience, c’est le moment de faire le bilan de la journée, et nous projetons déjà sur de futures sorties gravel, sans savoir que dès le lendemain nous aurions de belles surprises. Quelques bières sont descendues, une course est improvisée autour de la piscine et au lit.

“Nous sommes restés ensemble, laissant le chrono sans délaisser le dépassement, transformant ainsi la course en virée entre amis, de piste en single track, de partie de manivelles en portage, d’essorage en découvertes” Foucauld / France

Jour 3 - “Ceci est une propriété privée”

Fred Belaubre , triathlète Olympien de la région, nous convainc de changer nos plans pour un parcours dans l’Esterel, voisin du Massif des Maures. Pourquoi pas? Nous décidons de faire confiance aux locaux.

Départ à 7h pour rester préventif sur notre avancée et ces fameux imprévus marquant fer rouge notre week-end. Après une liaison de quelques kilomètres sur bitume, nous approchons Cap Esterel avec une ascension boisée en single track magnifique. L’ambiance est détendue et le terrain très différent des deux derniers jours: une terre rouge et une garrigue dense prennent le relais, nous sommes très proches de la mer qui est omniprésente. Les crevaisons pleuvent, Romain, Titouan, et Anthony sont les victimes plus jamais sans tubeless. Arrivés sur la côte, nous prenons un chemin côtier nous obligeant à porter le vélo, mais la vue est à couper le souffle.

Même si le peloton est de plus en plus à l’aise sur les portions techniques, nous devons nous écarter de la trace initiale et nous sommes ramenés sur le bitume. Dès lors, trouver son chemin souvent bloqué par des résidences privées n’est pas chose aisée mais, nous parvenons finalement à retrouver les sentiers où une ultime vague d’imprévus nous attendait. La conclusion du week-end se fera avec une traditionnelle pasta party improvisée.

“Nous sommes tous sortis de notre zone de confort, partager cela comme première rencontre était génial. Malgré les crevaisons et problèmes mécaniques, nous avons surmonté cela en équipe et vécu une aventure inoubliable” Carla / Espagne

S’évader le temps d’un week-end pour explorer une région avec quelques amis, mettre des souvenirs sur une carte et partager sa passion, amène une seule question : quand remettre cela ?

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