En cette période où les dossards et les sas de départ se font toujours rares, Strava et Distance lancent les Segments Series, une invitation pour les runners aux quatre coins de l’hexagone à décrocher leur meilleur chrono sur 12 segments répartis en France jusqu’au 7 février. En guise de première foulée, ne manquez pas notre série d’interviews mettant en lumière quelques-uns des athlètes les plus prometteurs de la nouvelle génération française. Nous avons partagé une journée avec eux pour nous faire une idée des efforts et sacrifices qu’ils fournissent au quotidien, pour comprendre leur état d’esprit après une année sans précédent, pour connaître leurs motivations et les rêves qu’ils nourrissent. C’était évidemment l’occasion de nous entraîner sur leur terrain de jeu favori avec un segment qui leur ressemble, selon leurs forces, leur spécialité ou leurs traits de caractère. Vous aurez donc la possibilité de vous mesurer à l’avenir de l’athlétisme français.
Embarquez pour un segment de vie d’Alexis Miellet, raconté par l’équipe Distance et photographié par Anne Sophie Soudoplatoff.
ALEXIS MIELLET
25 ans
Segment favori : ‘Montée de la Patinoire’ (Ice-rink Climb)
3x champion de France Elite 1500m
Dijon, France
Bonjour Alexis, peux-tu te presenter rapidement ?
Je m’appelle Alexis Miellet, j’ai 25 ans, je suis dijonnais et athlète au Dijon Université Club, spécialiste de demi-fond : 800m, 1500m et cross.
Comment as-tu géré les deux périodes de confinement qui viennent de s’écouler ?
Elles ont été assez difficiles pour moi parce que j’ai été blessé sur les deux périodes. Le premier confinement je l’ai passé plus à faire du vélo sur home trainer qu’à courir. Le deuxième confinement je l’ai passé à aller chez le kiné. Ça n’a pas été facile mais c’est des périodes où j’ai aussi pu me remettre en question et travailler des choses que je n’avais pas l’habitude de travailler donc je pense que ça va porter ses fruits sur le long terme.
Tu penses à quel travail en particulier ?
Avec mon kiné j’ai beaucoup travaillé sur la souplesse musculaire et articulaire, chose que je n’avais jamais fait de ma vie, je m’étirais très peu. J’ai fait énormément de vélo lors du premier confinement, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait avant non plus, ça m’a permis de travailler l’entrainement croisé, ce qui se fait de plus en plus maintenant.
Tu es quand même satisfait de ton niveau de performance de ces derniers mois ?
Les derniers mois ont été assez pauvres en competitions, cet été je n’ai couru que deux fois, une fois sur 800 au meeting de Décines et une fois sur 1500 aux championnats de France Élite. Je suis plutôt content parce que j’ai été champion de France élite pour la 3ème fois consecutive. C’est le plus grand titre que je pouvais viser cette année étant donné que les Europe et les JO ont été annulés. Ce n’est pas trop mal même si j’aurais préféré ne pas être blessé !
Donc tu as été champion de France de 1500 en faisant du vélo ?
C’est ça ! J’ai quand même couru un peu à côté mais j’ai eu une preparation très écourtée, j’ai eu deux mois d’entrainement avant les championnats de France Élite ouais !
Comment est-ce que l’athlétisme est entré dans ta vie ?
J’ai des parents qui étaient athlètes donc j’ai toujours évolué dans ce milieu là, j’ai fait mon premier cross à 3 ans. Ensuite j’ai commencé le foot, ça a été ma première licence, j’ai fait du foot entre 5 et 16 ans. C’est mon père qui m’a protégé pour que je ne commence pas l’athlétisme trop tôt, que je ne me lasse pas ou que je ne me blesse pas trop jeune. J’ai commencé l’athlé à 16 ans mais j’ai toujours baigné dans ce milieu, je connais mon entraineur depuis que je suis tout petit, c’est un ami d’enfance de mon père.
Quand tu faisais du foot avais-tu l’athlétisme dans un coin de la tête ?
Oui toujours, j’ai voulu commencé quand j’avais 7 ou 8 ans et c’est mon père qui n’a pas voulu. Ensuite je suis entré en pôle espoir foot, je me suis dit que j’allais me lancer dans le foot. Quand je n’ai pas pu signer en centre de formation, j’ai basculé vers l’athlé. J’ai toujours fait les cross UNSS hormis les années où j’étais en pôle espoir où on m’en a empêché, quelque fois le cross d’Arnay-le-Duc qui est un cross de niveau national, assez réputé. Je faisais les cross en tant que non licencié et je les ai quasiment tous gagnés !
Quelles sont tes qualities et tes faiblesses ?
Mes qualités sont celles d’un miler on va dire, c’est pour ça que je suis venu à cette discipline. J’ai une bonne base de vitesse et je ne suis pas trop mauvais sur le foncier. Réussir à combiner ces deux éléments là m’a permis de realiser des perfs intéressantes sur 1500. Pour ce qui est des faiblesses, je pense que je peux encore progresser sur le foncier, ça va venir avec l’âge mais je vais aussi forcément perdre en vitesse, j’aurais toujours des faiblesses !
Comment as-tu choisi ta spécialité ?
J’ai commencé l’athlé en cadet 2, c’est une catégorie où on essaye un peu toutes les disciplines, je savais que je voulais faire du demi-fond, j’ai fait du 800, du 1500, du 3000m. Ce n’était pas la distance où j’avais fait les meilleurs chronos ni sur laquelle j’avais les plus grandes chances de médaille aux championnats de France mais c’est sur 1500m que je me suis senti le mieux. Du coup tout de suite j’ai voulu faire les France sur 1500. J’ai bien fait parce que j’ai gagné cette année là. C’est vraiment la distance sur laquelle je me faisais le plus plaisir.
À quel moment as-tu réalisé que tu avais un potentiel au-dessus du lot ?
Depuis tout jeune, j’ai toujours bien figuré sur les cross, que ce soit à Arnay ou sur les cross UNSS, je les gagnais sans m’entrainer donc je me suis toujours dit que j’avais un petit potentiel. De là à faire des championnats du monde et espérer faire les Jeux Olympiques, il y avait encore du chemin. Dès ma première année d’athlé, je fais champion de France mais pareil je savais qu’il restait encore du chemin. C’est quand je suis arrivé en junior et que j’ai fait les championnats du monde junior, que je me suis dit que je pouvais faire du très haut niveau.
Dans ton entourage, qui sont les gens les plus importants, qui t’accompagnent dans ta progression ?
Déjà il y a mes parents, qui étaient athlètes, qui me suivent forcément dans ma pratique. Mes parents, ma famille en general qui me suit et qui me soutient beaucoup. Mon entraineur, Rémy Geoffroy, qui m’entraine depuis que j’ai commencé et que je connais depuis que je suis tout petit. Tout mon entourage est composé de gens que je connais depuis que je suis tout petit donc c’est très important pour moi. Mon préparateur physique, Jean-Jacques Renier est aussi un ami d’enfance de mes parents. C’est notre cocon, formé autour de mon entrainement.
Quand ton entraineur te voyait gagner les cross tout jeune, il n’avait pas envie que tu viennes déjà t’entrainer ?
Si si si ! Il me faisait la remarque souvent, il ne me poussait pas mais il me disait pour rigoler “Alors quand est-ce que tu commences l’athlé ?”. Dans un coin de sa tête je pense qu’il aurait aimé que je commence un peu plus jeune mais il est content que j’aie arrêté le foot pour me mettre à l’athlé.
Quelles sont les valeurs nécessaires pour être un athlète épanoui ?
Déjà il faut se faire plaisir, l’athlétisme, le demi-fond en particulier, est un sport ingrat, difficile. Il faut s’entrainer par tous les temps, tous les jours, des fois deux fois par jour. Il y a des moments où ce n’est pas facile mais si on se fait plaisir dans ce qu’on fait, on arrive à surmonter tout ça. La deuxième valeur, je pense que c’est l’humilité. Ce sont les deux valeurs les plus importantes. Si on arrive à se faire plaisir en restant humble, on passera une bonne carrière.
Qu’as-tu appris grâce à ton sport ? Comment t’a-t-il fait grandir ?
Ce n’est pas une question facile ! J’ai appris beaucoup de choses en tant que footballeur car j’ai eu un éducateur au pôle espoir qui m’a appris beaucoup. Après il y a quand même beaucoup de différences entre un sport collectif et un sport individuel. L’athlétisme m’a appris à me centrer sur moi-même pour arriver à me dépasser en course. Dans un sport collectif c’est plus difficile de ressentir ça, surtout quand on est jeune.
L’athlé c’est plus dur que le foot ?
Ça je n’ai pas peur de le dire, ce n’est pas parce que je suis athlète mais l’athlétisme c’est plus dur que le foot. Il n’y a pas de moment où on peut se reposer sur un autre. C’est un sport chronométré et mesuré donc on ne peut pas tricher. Le jour où t’es pas bien, le jour où tu n’as pas envie, les chronos ne sont pas bons. Au foot tu peux te cacher, un coéquipier peut faire plus d’efforts un jour, le lendemain tu feras plus d’efforts que lui. Tu ne peux pas avoir un jour sans dans un sport individuel et encore moins en athlé.
En quoi ton environnement est-il idéal pour t’entrainer ?
Je suis très content de ce qu’on a ici à Dijon, mis à part le climat qui est un peu difficile l’hiver. Sinon j’ai tout ce qu’il faut, j’habite près de mon lieu d’entrainement, on a une piste qui a été refaite. Il y a une salle de musculation qui est peut-être l’une des meilleures de France avec le Centre d’Études de la Performance de Dijon, le CEP où beaucoup d’études sont faites. Franchement je n’ai pas du tout à me plaindre, il y a des coins pour faire des footings en nature sur des chemins, je ne cours quasiment jamais sur la route. Je pense que tout ce cadre est idéal.
Quelles sont les competitions qui te font rêver ? Le titre que tu voudrais avoir à ton palmarès ?
Forcément les Jeux Olympiques, la compétition la plus relevée, qui a lieu tous les 4 ans donc c’est un peu plus prestigieux que les championnats du monde. C’est multisport aussi. J’ai eu la chance de faire les Universiades en 2017, les championnats du monde universitaires mais sur le même format que les JO, c’est multisport avec un village pour la competition, un village d’athlètes. Ça m’a permis d’avoir une première expérience dans ce genre de competitions en espérant pouvoir faire les JO un jour, en 2021 j’espère ! Le titre olympique ce serait un aboutissement. Je pense qu’avoir des médailles c’est mieux que d’avoir des records. Je préfèrerais être champion olympique que recordman du monde. Des champions du monde en demi-fond il n’y en a pas 36 en France, on est dans un sport assez gangrené par le dopage donc il ne faut pas se voiler la face, ce ne sera pas facile mais pourquoi pas un jour, si toutes les étoiles sont alignées !
Quelle est ta séance préférée et l’endroit où tu préfères t’entrainer ?
Forcément un spécifique 1500, je fais souvent 1000 – 800 – 600 – 400, c’est une spé 15 que je fais régulièrement avec 6 minutes de récupération, le plus vite possible en essayant d’être régulier. L’endroit où je préfère m’entrainer c’est Monte Gordo au Portugal.
Que peux-tu nous dire sur ton segment ? En quoi te représente-t-il bien ?
C’est un segment en montée qui fait un petit peu moins de 300m, c’est assez sympa le long d’une voie de tram avec juste à côté le stade de foot du DFCO où j’étais en pôle espoir. Le dénivelé est le même sur toute la côte, elle n’est pas trop longue, pas trop courte, on peut faire de bonnes séries dedans, 10 fois la montée, c’est le genre de séance que j’aime bien.
Strava a lancé la récompense Local Legend. Où est-ce qu’on te croise le plus souvent en courant ? As-tu l’impression d’être la Local Legend vers chez toi ?
On me croise soit sur le campus, sur la piste ou à Chevigny derrière chez moi où je fais tous mes footings. Peut-être que je suis plus souvent sur le campus mais je suis quand même beaucoup dans les bois de Chévigny. Je commence à avoir une petite notoriété à Chevigny, il y a quelques personnes qui me reconnaissent.
Avec ton niveau tu dois avoir beaucoup de CR. Est-ce que c’est quelque chose auquel tu prêtes attention ? Est-ce que cela t’arrive de partir à la chasse aux CR ?
Alors non je ne vais pas à la chasse aux CR ! J’utilise Strava vraiment pour noter tous mes entrainements, je ne vais pas à la chasse aux CR et je ne regarde pas ce que les autres font. Ça m’arrive d’en avoir quelques uns effectivement, j’en ai plusieurs sur Dijon mais ce n’est pas quelque chose que je vais chasser en faisant des repérages avant, je réserve la bagarre pour la compétition !
Tu as des conseils pour battre le CR sur ton segment ?
Pour l’avoir celui-là il faut déjà bien travailler sa vitesse car il n’est pas très long, il faut avoir une bonne base de vitesse et ne pas non plus s’emballer, on y passe quand même plus de 30 secondes donc il faut être prudent sur le départ. Je connais des coureurs de 800 qui pourraient l’avoir oui, sur Dijon, le plus rapide des coureurs de 400 – 800 c’est Sacha Cultru, il termine 4ème aux France espoir, il a une bonne base de vitesse et il a plus l’habitude que moi de faire des côtes mais je pense que j’ai mon mot à dire quand même !
Est-ce que tu as des suggestions de clubs ou athlètes à suivre sur Strava ?
Je ne suis qu’un seul club sur Strava, le TRC (Tempo Running Club).
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